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Photo du rédacteurJournal La Crise

Ce que je peux vous dire aujourd’hui ; c’est que je n’entends plus la pluie la nuit.

Par M. L.



Tends-moi le bras, montre-moi ton désespoir,

Je veux voir tous tes devoirs,

N’as-tu pas vu tous ces regards ?

Tout le monde me dévisage dans les couloirs.


Tu me dis que tu me comprends et que tu t’inquiètes,

Mais même si je cogne à ta porte, discrète,

Te demandant un peu d’humanisation la réponse est niet,

Je m’en repars les deux pieds devant, tête inquiète.


À la maison,

Dans mon cabanon,

Assise dans mon salon,

Tu penses que je regarde tous les jours tonton ?

Étaler ses bilans à la télévision ?

J’ai bien mieux à faire que d’écouter ses discussions,

J’ai une vie à mes talons,

Pas besoin de plus de bâtons.


Tu te dis que j’ai le temps,

Mais tu ne me vois qu’à travers ton écran,

Pensant que je suis devenu grande,

Je n’ai que 17 ans.


Il est tant temps de réaliser que nous ne sommes plus dans le temps d’antan.

Tant temps d’ouvrir les yeux et de montrer ton écran,

Tant temps de nous soulager de travail, car je ne sens plus mon coeur battant.

Tant temps de réaliser que nous ne sommes plus vivants.


J’ai eu des A, des B, des C,

Mais jamais je ne suis décédée,

Jamais je n’ai laissé les dés décider.


Les jeunes à la ramasse,

Qui ne vont plus en classe,

Au revoir monde badass,

Je vous laisse ma carcasse.


Je demande à Dieu de me retirer mes soucis,

Tous les délits que j’ai commis,

Et tu me dis que c’est tant pis,

On verra quand tu seras mamie.


Je te demande de me laisser chez moi,

Pour que je puisse me concentrer sur mes tracas,

Cote R, cote Z, cote SOS,

Je t’ai envoyé des signes de détresse,

N’ai-je pas inscrit la bonne adresse ?


Qui dit pandémie dit plus d’amis,

Seule dans la bibli,

À attendre le trois heures et demie,

Après huit heures à poiroter dans l’oubli,

Me voilà assise sur mon tapis,

Tu ne sais pas que je suis ici depuis bien avant midi,

Ta solution est donc de me faire perdre ma vie ?

Tu sais bien que je n’habite pas à Sillery,

Je dois me lever à six pour être au yoga à seize ici,

Eh oui !

Tu pensais que tout était easy,

Que je ne m’en faisais pas pour l'uni ?


Fais de l’algèbre et tu deviendras roi,

Mais monsieur, je compte encore avec mes doigts,

Fais de l’anthropologie,

Et tu verras,

Le monde est joli,

Mais tout ce que je vis,

C’est une Terre remplie d’injustices,

Une peur de la police,

Personne ne m’a donné de parapluie,

Pour combattre la xénophobie.


Je suis riche de tes miches,

Inégalités sociales,

Dis-moi ton rang patriarcal.


À l’école j’apprends la culture,

Des peuples de sépulture,

Qui es-tu pour juger de cette couture ?

La diversité fait de nous des êtres de nature.


Décimer, dépasser, dépouiller,

User de synonymes,

De là me vient cet air anonyme,

Je ne suis que raisin parmi vignoble,

Riche parmi nobles,

Paysanne entre tous ces sages,

Ceux-ci savent donc toutes les pages !

Sauvages de leur âge,

Moi tout ce que je retiens c’est l'important,

Malheureusement ce n’est jamais bien suffisant.


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