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Parti Québécois : le tout pour le tout

Par Arthur Légaré







Chose certaine, cette année n’a pas été de tout repos. Pendant que le Québec suivait frénétiquement l’actualité, certaines choses n’y étaient certes pas aussi présentes qu’à l’habitude. Parmi ces grandes oubliées, notons la course à la chefferie du Parti Québécois. Pour ce parti qui, toutes formations confondues à l’Assemblée Nationale, revendique le plus grand nombre de membres, ce n’est pas rien.


En 2016, alors que le Parti Québécois avait misé sur Jean-François Lisée pour se sortir de l’impasse dans laquelle il se trouvait, on avait cru bon de repousser la tenue d’un éventuel référendum à un deuxième mandat advenant l’élection d’un gouvernement péquiste. Or, on connaît la suite : un véritable raz-de-marée caquiste a gobé le Québec tout rond lors des élections de 2018, avec 74 députés sur 125. Et pour le parti souverainiste, cette élection fut dramatique. Au vote populaire, le mince 17,06 % fut le pire résultat de son histoire. Encore faut-il mentionner que, avec le départ fracassant de la députée Catherine Fournier en 2019, la situation parlementaire ressemblait encore moins à celle des grandeurs d’autrefois. Désormais, on parlerait de « troisième opposition officielle » pour qualifier le parti. Ces mésaventures ont donc amené les membres du PQ à prendre un temps d’arrêt pour évaluer la situation.


Dans l’arène politique, certains sont même allés jusqu’à voir, en cette déconfiture, la fin, voire la mort, du parti fondé par René Lévesque en 1968. Sur les réseaux sociaux, certains se sont amusés à ressortir cet extrait du livre Attendez que je me rappelle, écrit par Lévesque à titre de mémoires, où il jetait un regard critique sur les partis politiques qui peinaient à se renouveler :


[...] les partis appelés à durer vieillissent généralement assez mal. Ils ont tendance à se transformer en églises laïques hors desquelles point de salut et peuvent se montrer franchement insupportables. À la longue les idées se sclérosent, et c’est l’opportunisme politicien qui les remplace.


Dans l’optique de comprendre comment le parti a autant cédé de terrain en si peu de temps, il est possible de se pencher sur les assemblées et congrès de 2019, une année charnière pour le Parti Québécois. Ces rassemblements ont réunis les membres et sympathisants d’horizons des plus variés. La défaite crève-coeur avait été dure à digérer pour les membres et revoir en profondeur l’édifice semblait être de mise. C’est d’ailleurs à ce moment que certaines voix n'exclurent pas un changement de nom pour la formation, et ce, afin de repartir sur du neuf.


Il va sans dire que la présente course à la chefferie est vitale pour le sort du parti. Les candidats qui briguent la direction de la formation politique en sont pleinement conscients. Ces aspirants-chefs, ils sont au nombre de quatre : Frédéric Bastien, Sylvain Gaudreault, Guy Nantel et Paul Saint-Pierre Plamondon. Ils se démarquent individuellement par leur bagage. Pour reprendre les mots du président de la formation, Dieudonné Ella Oyono, ce sont là quatre « candidats se distinguant par leurs idées et leurs propositions [...] ».



Frédéric Bastien est historien de formation et a publié plusieurs ouvrages sur la politique québécoise et canadienne. Il est notamment connu pour sa défense de la loi 21. Il incarne davantage l’aile nationaliste du PQ, résolument plus de droite. Il se décrit lui-même comme « un indépendantiste convaincu de longue date ». Le seuil du nombre de nouveaux arrivants devrait, selon lui, être réduit à entre 25 et 30 milliers.



Sylvain Gaudreault, qui a été ministre des Transports et des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire sous le gouvernement Marois, est celui qui, de tous les candidats, est le plus expérimenté en politique. Des quatres, il est également le seul qui détient un siège de député à l’Assemblée Nationale, soit celui de Jonquière. Il a d’ailleurs été chef intérimaire du PQ du 6 mai au 7 octobre 2016 après la démission de Pierre-Karl Péladeau. Sylvain Gaudreault est aussi le seul candidat à se déclarer ouvertement homosexuel. Ses engagements en faveur d’un Québec plus vert sont centraux à son discours. Grâce à ses propositions, il espère aller chercher le vote des plus jeunes électeurs.



Guy Nantel travaille dans le milieu de l’humour depuis 32 ans. Son parcours atypique ne l’empêche pas pour autant de croire en son apport potentiel au PQ et à la société québécoise. Cet homme est aussi auteur de l’essai « Je me souviens… de rien », qui se veut « une réflexion mûrie et assumée sur le Québec et son histoire. » Nantel mise beaucoup sur l’inclusion de citoyens d’origine, de culture ou de religion différentes au sein du projet d’indépendance afin de le moderniser et de l’adapter à la réalité du Québec d’aujourd’hui. Sans pour autant y mettre le même accent que Gaudreault, l’humoriste de formation traite tout de même avec grand sérieux la question environnementale. Enfin, sur le plan linguistique, le candidat se distingue par sa prise de position sur l’anglais, qui doit selon lui devenir la langue officielle minoritaire dans un éventuel pays du Québec, afin de garantir les droits de la minorité historique anglophone.



Paul Saint-Pierre Plamondon a travaillé dans le milieu du droit, à l’international comme au Québec. Il est détenteur d’un baccalauréat à McGill en droit et d’une maîtrise d’Oxford en administration des affaires. Son slogan, « Rebâtir le camp du OUI », résume bien son intention : inciter les Québécois à afficher un nationalisme décomplexé et assumé. C’est ainsi qu’il promet un référendum au courant d’un premier mandat. Son approche est décisive et claire. Très actif sur les réseaux sociaux, M. Saint-Pierre Plamondon profite de toutes les tribunes qui lui sont offertes pour montrer les dysfonctionnements du système fédéral. Il est l’auteur du rapport « Osez repenser le PQ », publié en 2017, où il énonçait déjà des recommandations pour moderniser le parti et le rendre plus emballant auprès des jeunes.


Au vu et au su de la conjoncture politique actuelle, celui qui sera élu dixième chef du Parti Québécois n’aura décidément pas la tâche facile et son mandat consistera avant tout à assurer la survie de la formation avant de se projeter dans un scénario de victoire électorale. Ce n’est toutefois qu’à partir du 6 octobre que les Péquistes, où tout autre personne ayant le statut de sympathisant enregistré, pourront se prononcer à propos de celui qui, parmi les quatre candidats – sans prétendante au titre malheureusement –, serait le plus apte à redresser les voiles de ce parti en perte de vitesse qu’est le PQ. À suivre!


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