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La seconde

Par Sarah-Kate Dallaire



On ne peut rêver toute sa vie. Mais le jour où l’enfant arrête de rêver, où l’ado cesse d’espérer, où l’adulte devient adulte, on fait quoi? Est-ce qu’on reste là, à regarder ses rêves s’envoler? Est-ce qu’on commence à vivre réellement ou est-ce qu’en réalité, on arrête plutôt de vivre?


J’ai l’impression de vivre dans cette dimension alternative où le monde autour de moi tourne à la fois trop vite et trop lentement. J’ai peur de ne pas vivre chaque moment suffisamment intensément. J’ai peur de manquer quelque chose. J’ai peur de voir ma vie me passer devant les yeux comme un éclair, de vivre chaque moment à la vitesse de la lumière. Mais, d’un autre côté, je suis impatiente. Je veux voir l’après. Je veux voir plus loin. Je veux aller plus vite, toujours plus vite…


Mais il n’y a que 24 heures dans une journée.


Ces 24 longues petites heures. Ce camion semi-lourd qui pèse sur nos épaules. Qui nous empêche de respirer. Qui nous tient prisonnier. Le même qui roule à 300km/h. Il passe devant nos yeux si rapidement qu’on ne le voit même plus. Mais il est si lent qu’on ne voit que lui. Il est omniprésent dans son absence. Une éclipse sombre, mais lumineuse, qui fait rêver même les plus impatients des in-présent.


Mais il n’y a que 60 minutes dans une heure.


La minute, ce mystère évident. On ressent les jours, les heures et les secondes, mais pas la minute. Trop longue pour qu’on ne s’y attarde, mais trop courte pour qu’on ne la voit complètement. C’est le rêve inatteignable de l’enfant, au travers les yeux de l’adulte. C’est le rêve inimaginable des grands au travers les yeux de l’enfant. C’est chaque moment infiniment petit, rempli de firmament.


Mais il n’y a que 60 secondes dans une minute.


Ces minuscules secondes qui s'écoulent comme les grains de sable d’un sablier. Le sablier devient mien, devient main. Le sable coule entre mes doigts. Je le vois. Je veux l’arrêter. Je veux le tenir. Capturer chaque moment. Mais le temps file toujours plus vite. L’aiguille avance et je tourne sur moi-même. Si l’aiguille tourne, j’avance. Mais si j’avance, l’aiguille tourne. Je veux vivre chaque seconde, mais j’veux pas perdre ces 60 petites secondes qui filent.


Mais il n’y a qu’une seconde qui compte.


On est toujours une seconde trop tôt ou une seconde trop tard. C’est cette seconde qui change tout. C’est ce moment où, tu comprends la vie, ou tu la perds. C’est cette seconde où tu donnes ta vie, ou tu te perds. Il suffit d’une seconde pour qu’une éternité devienne poussière. Il suffit d’une seconde pour que jamais devienne toujours.


Il suffit d’une seconde.


Une seule seconde.


Cette petite seconde,


La seconde.


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