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Être une fille dans une société post-néandertalienne

Par Catherine Leclerc



Certains croient qu’on vit maintenant dans une société évoluée où la femme est égale à l’homme, où elle peut faire les mêmes choses que l’homme. Même si on doit reconnaître les nets progrès du dernier siècle, on peut encore se poser des questions sur la situation de la femme au Québec. Dire que l’égalité homme-femme est une réalité dans notre province, c’est se voiler la face.

Tout d’abord, quand nous sommes enfants, les rôles des garçons et des filles ont l’air déterminés : dans le monde qui nous entoure, nos parents, nos amis. On apprend aux gars à dépenser leur énergie et aux filles à être écoutantes. On nous habille en rose ou en bleu. On nous donne des poupées ou des camions. Malheureusement, ces différences sociales nous sont associées selon nos différences biologiques dès notre jeune âge. Dès lors, on remarque une pression sociale sur notre simple façon d’exister.

Ensuite, grandir en étant une fille, c’est être sexualisée par la société dès son enfance. Les shorts courts, les camisoles et les décolletés sont interdits dans les écoles et, tout ça, pourquoi? Pour mieux permettre la concentration des garçons. Parce qu’un enseignant de 50 ans est dérangé par le fait de voir le corps d’une jeune fille. On nous apprend dès lors comment pense notre société, celle qui est censée être là pour nous, et non contre nous. On nous montre qui est la priorité à ses yeux. Et qui doit faire avec.

De plus, être une fille c’est aussi apprendre à être méfiante envers plein de monde. C’est se faire dire de surveiller son verre en soirée, de ne pas marcher seule le soir et de faire attention à ses nouvelles fréquentations. Mais qu’est-ce qu’on dit aux gars? Qu’est-ce qu’on leur apprend quant au respect de la femme? On leur glisse, parfois, un mot vite-fait des parents et des cours de sexualité ont lieu en faible quantité au secondaire. Mais quand est-ce qu’on va réellement éduquer notre société à propos de ces problèmes? Quand est-ce qu’on va se rendre compte de notre misogynie interne collective? De la culture du viol au Québec?

Dans ce moule dystopique, qui semble devenir invisible avec le temps, se conforte la société. Laisser les choses telles qu’elles sont est bien plus facile et sécurisant que d’oser dire son opinion et changer les choses. Dans certains cas, on peut ne même pas se rendre compte en tant que femme qu’on n’est pas égale à l’homme tant c’est rendu une habitude. En 2017 au Québec, les femmes avaient un salaire qui représentait 89,8% de celui des hommes. En politique, on assiste encore à une représentation non égalitaire (sauf au Conseil des ministres).


On peut ensuite parler des agressions sexuelles ou des violences conjugales qui touchent davantage les femmes que les hommes. On parle ici de victimes de sexe féminin dans 87,2% des cas d’agressions sexuelles et de 82,2% pour les violences conjugales. Ces données démontrent avec tristesse la situation des femmes au Québec et les dangers que celles-ci encourent par le seul fait d’être. De plus, dans les rares cas où la victime ose parler et dénoncer son agresseur, on jette le blâme sur la personne agressée et, bien souvent, on essaie de la décrédibiliser. On va souvent entendre des propos tels que « Elle ment sûrement » ou des vagues d’insultes envers la personne qui a dénoncé. Est-ce le signe d’une société bien éduquée ou, plutôt, de sexisme intériorisé? Ces faits, qui ne sont même pas choquants pour certains individus, encore à ce jour, semblent être une réponse suffisante.


Mais, pourquoi on ne change pas les choses ?


Il faudrait d’abord enlever cette peur collective de parler du problème. Avez-vous déjà demandé à quelqu’un s’il était féministe ? Avez-vous déjà remarqué que peu osent s’affirmer comme tels ? Le terme « féminisme » peut parfois avoir des connotations négatives dans une société mal informée, pourtant, sa vraie signification est noble. C’est un « mouvement politique qui prône l'égalité réelle entre les hommes et les femmes dans la vie privée et dans la vie publique1 ». On ne parle pas ici de réduire les droits des hommes ou d’avoir une façon extrémiste de voir les choses; on veut seulement l’égalité, pure et simple. Parce qu’avec l’égalité vient la liberté.


Enfin, on devrait faire face à la situation et speak up. Peut-être que certains ont peur du regard des autres s’ils en parlent, des tensions engendrées ou encore de le faire pour rien, mais est-ce qu’on va réellement rester sur place, dans une société hypocrite qui maltraite nos femmes? Est-ce qu’on va réellement accepter cette situation? Parce que, du plus profond de mon cœur, j’ose croire qu’on vaut mieux que ça.


“Se vouloir libre, c’est aussi vouloir les autres libres.”

- Simone de Beauvoir





Sources


Guay, J-H. (dir.). Perspective Monde. Récupéré le 13 novembre de : https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1503


Canada, Conseil du statut de la femme. (2018). Portrait des Québécoises, Édition 2018. Récupéré le 13 novembre de : https://csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/Por_portrait_quebecoises.pdf

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